Jane Austen, Pas de femmes parfaites, s’il vous plaît

Les Plis est une collection de livres qu’il est possible d’envoyer sans avoir à le mettre dans une enveloppe. Il s’agit d’un livre inséré dans un pli avec l’emplacement pour un petit mot, l’adresse et le timbre. Le joli plus: il est édité avec du papier d’une belle qualité. En bref, c’est une idée inédite, originale et bienvenue de la part des Éditions L’Orma.

Ce livre contient bien naturellement une partie de la correspondance de Jane Austen avec ses proches. Les lettres publiées ont été choisies avec soin. Une courte introduction à chacune permet de mieux comprendre le contenu. L’ordre est chronologique. Les lettres choisies reprennent les principaux évènements de sa vie, son quotidien, ses romans et montrent ainsi le mordant du style et l’ironie de la romancière. Ce petit recueil est une biographie à travers ses propres mots et quoi de mieux pour la décrire que grâce à sa correspondance?

Le livre est court mais très bien condensé car il apporte beaucoup d’éléments intéressants qui résument relativement bien la vie de Jane Austen. Il comporte même quatre pages avec illustrations ! Il n’y a ni avis personnel ni supposition comme on peut en trouver dans d’autres biographies.

Petite note négative mais qui, après réflexion, a peut-être été volontairement choisie par la maison d’éditions. La dernière lettre démontre bien que jusqu’à ses derniers jours, elle n’a su de départir de son implacable plume mais, à mes yeux, elle laisse un goût d’inachevé. Peut-être comme la vie de Jane Austen et sa carrière d’écrivaine ?


Aux Éditions L’Orma, 2020

Jane Austen, Une passion anglaise, Fiona Stafford

« Tapie dans un coin de la réception, les yeux et les oreilles grands ouverts, et alors que tout le monde danse, elle écrit déjà sa prochaine histoire » p. 15

Cette simple phrase rend mélancolique : la mélancolie ne pas avoir plus d’histoires à lire et à relire ; un génie littéraire parti bien trop tôt.

Comme la plupart d’entre nous le savons – et regrettons – les éléments sur Jane Austen sont peu nombreux. Heureusement, Cassandra laisse à la postérité une centaine de lettres qui nous offre un aperçu de Jane dans son intimité. Cette biographie ne nous en apprend pas plus mais contrairement à d’autres biographes, Fiona Stafford a fait le choix d’entremêler la vie d’Austen à ses romans. Ce sont des suppositions mais qui sont avancées avec des arguments. Quand il n’y en a pas, elle est tout aussi claire et ne cherche pas à induire son lecteur en erreur.

La partie que je préfère est lorsqu’elle émet le fait qu’il est difficile de parler des affaires de cœur quand on n’en a pas vécues. Et j’aime à la croire : « On peut tout aussi bien émettre l’hypothèse que Jane Austen fut amoureuse de quelqu’un dont le nom n’a jamais été révélé. Ou bien qu’elle connut une série de passions secrètes, dont les détails auront été soigneusement dissimulés au delà du cercle intime de la famille et censurés dans sa correspondance » p. 101. Elle évoque rapidement Tom Lefroy et l’homme inconnu mais elle ne s’étend pas car on ne sait rien, si ce n’est quelques lettres évoquant Lefroy.

La préface et la postface rendent un très bel hommage à Jane Austen. La postface s’attarde sur les éléments récents, les réécritures et autres prequels et sequels ou encore les objets dérivés. Elle évoque par ailleurs les « Jane Austen Society » dans le monde. À quand une telle « société » en France ? Ne sommes-nous pas assez nombreux.ses ?

La biographie est concise ; c’est un condensé d’informations. Les informations essentielles sur l’autrice tout en faisant des parallèles constants avec ses romans. Fiona Stafford ne nous raconte pas sa vie mais tente de nous expliquer la vie d’Austen à travers ses textes. Il est d’ailleurs déroutant de se rendre compte que ces rapprochements peuvent être crédibles. C’est une biographie différente des autres qui font le choix soit de se consacrer seulement aux éléments que l’on connait de Jane ou soit d’extrapoler à loisir.

« Un art tel que le sien ne peut jamais vieillir. » (citation de Lewes, citée dans le livre à la page 203).


Aux éditions Tallandier, 2019

Biographics Austen

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Biographics Austen fait partie de la nouvelle collection des éditions Armand Colin et le concept est de vous proposer la biographie d’un auteur de façon visuelle. Et ça fonctionne !

Tout d’abord le livre possède une couverture cartonnée bien épaisse. Il est relié et bien travaillé. À l’intérieur, on débute par une introduction sur Jane Austen et surtout sur la passion qu’elle a provoquée depuis toutes ces années. Puis on entre dans le cœur du sujet avec quatre chapitres : sa vie, son monde, son œuvre et son héritage.

Les informations visuelles sont des graphiques, des dessins, des bulles, mais il y a aussi bien sûr des textes pour expliquer tout ça. Le côté visuel permet de schématiser plus facilement.

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Le contenu ne s’arrête pas seulement à ses romans, son physique ou encore son décès. La biographie met aussi en avant les à-côtés de la vie de Jane Austen, tel que les évènements qui se sont déroulés dans le monde lors de sa naissance, les guerres, notamment avec la France.
Il a aussi nombre de comparaison. Que ce soit les revenus de ses personnages, les moyens de transport par rapport à notre époque, ou encore la notoriété entre écrivains de la même période que Jane.

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En somme, une biographie nouvelle version qui peut permettre à ceux qui n’aiment pas les longues lignes de se plonger dans ces visuels, à piocher par-ci par-là pour en apprendre (encore) un peu plus sur Jane Austen.


Aux éditions Armand Colin, 2017

Mes souvenirs de Jane Austen, James Edward Austen-Leigh

Voici la toute première biographie rédigée sur Jane Austen. Outre la notice biographique de son frère Henry, son neveu James Edward Austen-Leigh a décidé de réunir ses souvenirs et les publier pour satisfaire la curiosité des lecteurs suite à l’engouement des romans de sa tante.

Les premiers chapitres se basent sur la généalogie de sa famille ainsi que sur son époque. James Edward remonte si loin dans leur famille et nous offre de si illustres personnages que c’est un peu lourd à digérer. Il est certes intéressant d’en savoir plus mais cette volonté d’émerveiller les lecteurs par un glorieux passé est inutile car on n’en retient presque rien. Passé cette étape, le neveu nous dévoile des éléments plus plaisants en comparant les habitudes et autres objets de la vie quotidienne du temps de Jane Austen à sa propre époque qui, d’après lui, a subi de grands changements.

Au tour de Jane Austen de faire son entrée. Ne vous attendez pas de grandes découvertes. Il nous apprend peu de choses sur son physique. Les différents avis recueillis sont d’ailleurs assez contradictoires. On en apprend cependant plus sur sa personnalité et son caractère. C’était une femme enjouée, attachante avec les enfants. Elle aimait leur inventer des histoires et se plaisait à les distraire.

On y trouve aussi le chapitre supprimé de Persuasion. Jane Austen n’étant pas satisfaite de la fin de son roman, a retravaillé ce chapitre pour nous offrir celui que l’on connaît aujourd’hui. Sanditon est aussi mentionné, son dernier roman inachevé. Il faut savoir qu’à l’époque, ce texte n’était pas prévu pour la publication. Que James Edward propose ces éléments inédits devait être très gratifiant – et frustrant – pour les lecteurs.

Autre fait intéressant: James Edward explique que sa tante donnait des détails sur l’avenir de ses personnages. Ils étaient donc bel et bien vivants dans son esprit et ses proches ont eu l’honneur d’en savoir plus sur Mr Darcy, Elizabeth, Mary Crawford, … qui sait?

Cette biographie, malgré ses imperfections, est importante car elle a été écrite par un de ses parents proches. C’est un beau témoignage rendu à sa tante malgré des passages un peu lourds et complaisants. Il est dommage aussi que les souvenirs de Caroline et Anna, nièces de Jane Austen, n’aient pas été ajoutés dans ce livre comme dans l’édition VO.


Éditions Bartillat, 2016

Jane Austen, passions discrètes, Claire Tomalin

ob_3c2b4f_jane-austen-passions-discr-tes-9782746À la première lecture de la biographie de Claire Tomalin, j’étais frustrée. À l’époque, je venais tout juste de découvrir les romans, les oeuvres mineures et inachevées de Jane Austen et je voulais tout savoir de cette auteure. J’étais pressée de connaître tous les détails de sa vie. Pour moi, Claire Tomalin n’était pas assez concise et émettait trop d’extrapolations qui alourdissaient la biographie. Voilà pourquoi je pense avoir été déçue. Je souhaitais du concret, des faits précis mais je ne savais pas encore qu’on en savait trop peu sur Austen et qu’il était normal que Claire Tomalin et autres biographes fassent des suppositions.

Cette relecture a été une découverte. J’ai appris de nouvelles choses (ma mémoire me fait complètement défaut…). Les hypothèses ne m’ont pas gênée, et surtout les extrapolations m’ont beaucoup appris. Je m’explique: ces passages nous offrent des exemples d’autres familles qui pourraient corroborer avec la vie de Jane Austen. En supposant que cela se soit passé de cette façon dans la famille Untel, il se peut que cela soit arrivé à Jane Austen. Je ne comprenais pas leur intérêt alors qu’en réalité elles enrichissent la biographie.

Jane Austen reste un mystère. On sait qu’elle avait beaucoup d’humour saupoudrée d’une bonne dose de sarcasme. Elle était bonne envers son prochain. Elle aimait lire et apprendre. Elle aimait aussi se plonger dans son univers pour raconter ses histoires. Elle a aimé être publiée et était fière que ses créations soient connues et appréciées. Il reste malheureusement beaucoup de questions sans réponse et sa fin nous attriste. On aurait aimé qu’elle profite encore de quelques années pour nous offrir encore de belles histoires et qu’elle goûte à la gloire d’être reconnue comme une bonne romancière.

Je vous recommande donc chaudement cette biographie malgré mes propos avant cette relecture et je suis réellement ravie de m’être replongée dedans.

Il existe plusieurs biographies de Jane Austen malgré le fait que l’on en sache assez peu sur sa vie. Les principaux éléments qui ont permis de les rédiger sont la notice biographique de son frère Henry lors de la parution des oeuvres posthumes Northanger Abbey et Persuasion, et la toute première biographie rédigée par son neveu James Edward Austen-Leigh aidé par les souvenirs d’Anna Lefroy et Caroline Austen (parution française aux éditions Bartillat). Et pour finir la petite centaine de lettres que Cassandra a bien voulu nous laisser.

Du fond de mon coeur, lettres à ses nièces

Ce livre est un recueil de lettres écrites par Jane Austen à ses nièces, Fanny, Anna et Caroline. Fanny est la fille d’Edward Austen (adopté par la famille Knight). Anna est la fille de James (l’aîné de la fratrie Austen), épouse de Benjamin Lefroy. Caroline est la demi-soeur d’Anna.

Tout d’abord, il est indispensable de parler du livre qui est splendide. C’est un joli petit recueil broché et le papier est d’une grande qualité. Le livre se présente en deux parties. La première se compose des lettres de Jane Austen à trois de ses nièces. Quant à la seconde, il s’agit des propos de ces mêmes nièces, recueillis par James Edward Austen-Leigh pour la rédaction de la première biographie de sa tante.

L’ironie de Jane Austen saute aux yeux dès les premières pages. Sa façon de répondre à ses nièces est caractéristique de ses romans. Tout est à prendre au second degré. Jane Austen semblait vouloir pouvoir rire de tout. Il y a aussi un autre trait de caractère que l’on retrouve dans ses lettres adressées à Anna et Caroline. Ces dernières souhaitent écrire un roman et demandent à leur tante des conseils. Dans ses réponses, Jane Austen est prompte à leur donner un avis franc. Elle les encourage vivement à poursuivre leur travail d’écriture mais n’hésite pas à leur dire que certains passages sont inconvenants ou d’autres encore, irréalisables. Il est bien dommage qu’aucun de ces textes n’ait été conservé.

Lire ces lettres est une chance car Cassandra en a détruit la majeure partie. Les lettres sont difficiles à suivre puisque toutes ne nous sont pas parvenues et que certaines ont été découpées. Cependant grâce au travail de traduction et aux nombreuses annotations en fin de page, il est possible de s’y retrouver.

Pour terminer, voici une petite citation que j’ai adorée. Elle se trouve dans une lettre adressée à Anna, p. 64: « […] cette dernière m’écrit que Miss Blachford est bel et bien mariée, cependant, je n’ai rien lu à ce propos dans les journaux. Autant être célibataire si votre mariage n’est pas annoncé dans la presse. »

Alors en plus d’être complet, c’est un bel ouvrage à posséder dans votre bibliothèque.


Aux éditions Finitude, 2015