à la Une

L’Encyclopédie visuelle Jane Austen

Que vous connaissiez Jane Austen par coeur, que vous ayez seulement lu ses romans ou si vous voulez simplement en savoir plus, cette encyclopédie est un livre à découvrir.

Écrit par Claire Saim et moi-même, cet ouvrage regroupe de nombreuses informations sur la romancière, sa famille, sa vie, ses inspirations mais aussi divers sujets pour mieux comprendre son époque, la Régence, la mode, la correspondance, etc.

Sont aussi abordés ses romans achevés et inachevés, les conditions d’écriture et les péripéties liées à leur publication, les adaptations et leurs lieux tournages ainsi que de multiples anecdotes.

Pour terminer, vous découvrirez l’influence de Jane Austen à notre époque et tout ce qu’elle a laissé derrière elle.

Bonne lecture et bon voyage austenien 🙂

La seconde vie de Jane Austen, Mary Dollinger

La seconde vie de Jane Austen, Mary Dollinger, couverture

En 2010, Jane Austen décide de s’installer dans la Drôme et commence à écrire. Des lettres à l’attention de sa sœur Cassandra alternent avec des articles de magazines, des interviews, …

Le récit est divertissant – essayez d’imaginer l’écouter à la radio, provocant – une rentrée littéraire en septembre juste après les grandes vacances, quelle idée ! Jane Austen est présentée comme une femme très sûre d’elle lors de sa rencontre avec la maison d’éditions qui souhaite publier ses romans. On ne sait pas si elle aurait adoré les talons hauts ou si elle a pu être aussi froide mais on note que Mary Dollinger connait son sujet. Rien est laissé au hasard. La sortie des livres par exemple suit les mêmes années à 200 ans près. Il y a pléthore de compliments sur ses romans et son réel talent.

Je termine cette lecture avec un sourire aux lèvres car c’est drôle et frais. Il y a certains partis pris mais enfin un livre qui sort des sentiers battus. Parce que Jane Austen en France ! au XXIème siècle ! prenant sa carrière en main et vivant en parallèle une histoire d’amour, n’en déplaise à certains, pari réussi ! Il peut se lire rapidement, j’ai toutefois choisi de le savourer et d’apprécier la plume de Mary Dollinger*. Merci merci à l’autrice et aux éditions Le Nouvel Attila pour avoir osé !

Bonus : La jaquette entourant le livre est parfaite à mes yeux. J’aime beaucoup cette silhouette (présumée) de Jane Austen. Se cachent dessous la première et dernière de couverture qui sont très originales, j’adore !

* Il est à noter que Mary Dollinger est anglaise et écrit en français. Et quelle réussite ! De superbes tournures de phrases aussi bien déroutantes que savoureuses. Retrouvez ici son blog.


Aux éditions Le Nouvel Attila, 2021

Jane Austen, Pas de femmes parfaites, s’il vous plaît

Les Plis est une collection de livres qu’il est possible d’envoyer sans avoir à le mettre dans une enveloppe. Il s’agit d’un livre inséré dans un pli avec l’emplacement pour un petit mot, l’adresse et le timbre. Le joli plus: il est édité avec du papier d’une belle qualité. En bref, c’est une idée inédite, originale et bienvenue de la part des Éditions L’Orma.

Ce livre contient bien naturellement une partie de la correspondance de Jane Austen avec ses proches. Les lettres publiées ont été choisies avec soin. Une courte introduction à chacune permet de mieux comprendre le contenu. L’ordre est chronologique. Les lettres choisies reprennent les principaux évènements de sa vie, son quotidien, ses romans et montrent ainsi le mordant du style et l’ironie de la romancière. Ce petit recueil est une biographie à travers ses propres mots et quoi de mieux pour la décrire que grâce à sa correspondance?

Le livre est court mais très bien condensé car il apporte beaucoup d’éléments intéressants qui résument relativement bien la vie de Jane Austen. Il comporte même quatre pages avec illustrations ! Il n’y a ni avis personnel ni supposition comme on peut en trouver dans d’autres biographies.

Petite note négative mais qui, après réflexion, a peut-être été volontairement choisie par la maison d’éditions. La dernière lettre démontre bien que jusqu’à ses derniers jours, elle n’a su de départir de son implacable plume mais, à mes yeux, elle laisse un goût d’inachevé. Peut-être comme la vie de Jane Austen et sa carrière d’écrivaine ?


Aux Éditions L’Orma, 2020

Jane Austen, Une passion anglaise, Fiona Stafford

« Tapie dans un coin de la réception, les yeux et les oreilles grands ouverts, et alors que tout le monde danse, elle écrit déjà sa prochaine histoire » p. 15

Cette simple phrase rend mélancolique : la mélancolie ne pas avoir plus d’histoires à lire et à relire ; un génie littéraire parti bien trop tôt.

Comme la plupart d’entre nous le savons – et regrettons – les éléments sur Jane Austen sont peu nombreux. Heureusement, Cassandra laisse à la postérité une centaine de lettres qui nous offre un aperçu de Jane dans son intimité. Cette biographie ne nous en apprend pas plus mais contrairement à d’autres biographes, Fiona Stafford a fait le choix d’entremêler la vie d’Austen à ses romans. Ce sont des suppositions mais qui sont avancées avec des arguments. Quand il n’y en a pas, elle est tout aussi claire et ne cherche pas à induire son lecteur en erreur.

La partie que je préfère est lorsqu’elle émet le fait qu’il est difficile de parler des affaires de cœur quand on n’en a pas vécues. Et j’aime à la croire : « On peut tout aussi bien émettre l’hypothèse que Jane Austen fut amoureuse de quelqu’un dont le nom n’a jamais été révélé. Ou bien qu’elle connut une série de passions secrètes, dont les détails auront été soigneusement dissimulés au delà du cercle intime de la famille et censurés dans sa correspondance » p. 101. Elle évoque rapidement Tom Lefroy et l’homme inconnu mais elle ne s’étend pas car on ne sait rien, si ce n’est quelques lettres évoquant Lefroy.

La préface et la postface rendent un très bel hommage à Jane Austen. La postface s’attarde sur les éléments récents, les réécritures et autres prequels et sequels ou encore les objets dérivés. Elle évoque par ailleurs les « Jane Austen Society » dans le monde. À quand une telle « société » en France ? Ne sommes-nous pas assez nombreux.ses ?

La biographie est concise ; c’est un condensé d’informations. Les informations essentielles sur l’autrice tout en faisant des parallèles constants avec ses romans. Fiona Stafford ne nous raconte pas sa vie mais tente de nous expliquer la vie d’Austen à travers ses textes. Il est d’ailleurs déroutant de se rendre compte que ces rapprochements peuvent être crédibles. C’est une biographie différente des autres qui font le choix soit de se consacrer seulement aux éléments que l’on connait de Jane ou soit d’extrapoler à loisir.

« Un art tel que le sien ne peut jamais vieillir. » (citation de Lewes, citée dans le livre à la page 203).


Aux éditions Tallandier, 2019

La renaissance de Pemberley, Lise Antunes Simoes

La renaissance de Pemberley porte bien son nom. Après le mariage d’Elizabeth et Darcy, tous deux se rendent dans la maison familiale de ce dernier. Elizabeth prend son rôle de maîtresse de maison très à cœur et après avoir trouvé des notes de lady Anne, la mère de Darcy, elle fait tout son possible pour se rendre utile et compétente. Elle apprend à gérer la maison et le personnel, reçoit des invités, organise des dîners. Elizabeth ne prend cependant pas la grosse tête malgré son nouveau rang. Elle reste fidèle à elle-même: espiègle, enjouée et respectueuse.

Quant aux autres personnages, leur caractère et leur tempérament restent également identiques à ceux dépeints par Jane Austen. Bingley est toujours aussi joyeux, Jane douce ou encore Caroline Bingley fourbe et acerbe. Nous retrouvons tout le monde: Mr Collins, Lady Catherine de Bourgh, Mr et Mrs Gardiner et même Lydia et son « cher » époux. Nous en rencontrons de nouveaux, voisins et connaissances, habitants du Derbyshire.

On ressent clairement l’implication de l’auteure et ses recherches sont tout à son honneur. Le passage pendanr lequel la famille Darcy fête Noël est magique : l’achat du matériel pour fabriquer les guirlandes, leur confection, la recherche de la fameuse bûche à brûler, etc. J’aurais aimé me glisser dans la maison pour mettre la main à la pâte et participer à cette belle euphorie.

Ce roman est un bel hommage à Jane Austen et à son roman le plus célèbre. J’ai d’ailleurs versé quelques larmes dans les dernières pages. Je vous le recommande si vous souhaitez poursuivre un peu la magie de ce couple mythique.

Un bon parti, Curtis Sittenfeld, Austen Project

cvt_un-bon-parti_2310

Le « Austen project » a été lancé par les éditions HarperCollins, après Northanger Abbey, Raison et Sentiments et Emma et les aventures d’une jeune frivole, Curtis Sittenfeld s’est attaqué au chef d’oeuvre de Jane Austen. Eligible, titre traduit en français par « Un bon parti » est une réécriture moderne d’Orgueil et Préjugés.

Nous sommes donc projeté au XIXème siècle, dans l’est des Etats-Unis, plus précisément à Cincinnati. Les soeurs Bennet sont plus âgées et Jane et Liz vivent leur vie de leur côté jusqu’à ce qu’un problème de santé les poussent à retourner dans la demeure familiale. Peu après, Chip Bingley apparaît dans leur entourage. Ce dernier est très connu et ne peut être qu’un « bon parti » aux yeux de Mrs Bennet. Il est fidèlement accompagné de sa soeur, Caroline et de Mr Darcy.

Des éléments clés sont repris: la critique cinglante de Darcy sur la société et sur Liz, leurs différentes rencontres ponctuées d’un peu d’orgueil et de beaucoup de préjugés, la relation (plus que) désastreuse entre Jane et Bingley, la fameuse lettre de Darcy où tout est révélé mais tout n’est pas calqué sur l’histoire de Jane Austen. La modernité y est pour quelque chose mais l’auteure a également fait certains choix comme évincer l’oncle et la tante Gardiner ou encore des caractères sont totalement détournés tel que celui de Kathy de Bourgh. Mais cette liberté prise est novatrice.

Sans vouer une fidélité à toute épreuve pour Austen, il y a certains points cependant qui n’ont pas fonctionné. Tout d’abord l’humour de Mr Bennet si célèbre pour son ironie et son mordant. Dans cette histoire, il est exaspérant et déplacé. Mais ce point n’est qu’un détail à côté d’un autre plus désastreux à mes yeux.

Lydia et Kitty sont certes ce qu’elles sont, sauf qu’au XIXème siècle, de l’oeil de Sittenfeld cela ne peut se traduire que par de la vulgarité. Ce n’est même pas de la grossièreté, tellement c’est extrême. Certes tout le roman n’en est pas affecté mais j’ai frôlé la crise d’apoplexie suite à deux ou trois passages.

Pour conclure, certains passages sont intéressants et divertissants, d’autres frisent le ridicule.


Aux éditions Les presses de la cité, 2018